Portrait de Marc Le Fur
Avec Vous, en confiance
Assemblée Nationale Conseil Régionale de Bretagne Marc Le Fur
Marc Le Fur, Député des Côtes d'Armor, Consieller Régional de Bretagne
Avec Vous, en confiance

Région : démarche brouillonne, silences assourdissants et manque de vision.

Le 30 juin 2016

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Monsieur le Président,

 

Le BREXIT est intervenu. Quelles sont les conséquences pour la Bretagne ?

Vous avez bien fait de solliciter le CESER pour qu’il vous fasse un point précis.

Déjà on peut envisager les conséquences sur deux filières importantes :

  • Le Tourisme : La baisse de la valeur de la livre aura des conséquences directes sur le tourisme. Une entreprise comme Brittany Ferries qui fait l’essentiel de son activité avec la Grande-Bretagne sera directement impactée.
  • Le problème se posera aussi pour la pêche. L’Europe bleue, l’Europe de la pêche ne concernera plus les Britanniques. C’est important pour les pêcheurs bretons qui, depuis des siècles, fréquentent des zones de pêche des îles britanniques et disposent de droits de pêches, parfois très antérieures à 1532. Nous serons très vigilants pour préserver nos droits.

Le BREXIT peut être l’occasion pour l’Ecosse d’évoluer vers plus de liberté. Nous autres, Bretons, regarderons avec intérêt et sympathie cette nouvelle aventure pour nos cousins celtes.

Voilà six mois que votre nouveau mandat a commencé et il laisse pour le moment une impression de flou mêlant à la fois démarche brouillonne, silences assourdissants et manque de vision.

Pour cela, il suffit de se comparer aux autres régions qui ont su exploiter ces 6 premiers mois pour engager leur territoire sur de nouvelles voies à la fois innovantes et réformatrices.

Nous avons parfois le sentiment que la majorité et son président sont occupés ailleurs.

Une démarche brouillonne

Illustrons le propos

Lors de notre dernière session, nous avions évoqué ensemble trois sujets importants :

  • La démographie médicale
  • Les Troubles musculo squelettiques
  • La réunification de la Bretagne

Vous aviez saisi la main tendue et proposer la création rapide de groupes de travail.

Bien que connaissant le mot de Clemenceau « Si vous voulez enterrer un problème, nommez une commission » nous avions accepté de jouer le jeu dans le sens du Bien commun.

Malheureusement, sur ces trois sujets, la mise en œuvre des groupes de travail ne vient que de commencer. Beaucoup de retard a été pris faute de volonté et de détermination.

De ces six premiers mois, nous retiendrons également le loupé des manuels scolaires.  Impréparation, mesures brouillonnes et illisibles, abandon des familles, des libraires, pagaille dans les lycées.

Voilà les mots que nous entendons dans les Conseils d’administration des Lycées.

Nous constatons alors que nous sommes au début des vacances scolaires que rien n’est prêt pour la rentrée, au vue de ce risque de pagaille à la rentrée, nous vous demandons solennellement un moratoire sur la réforme envisagée. Gardons le système actuel cette année pour nous donner les moyens de préparer une réforme dans de bonnes conditions.

Au chapitre silence assourdissant de votre éxécutif, il faut évoquer ces manifestations rennaises contre la Loi El Khomri.

La multiplication des incidents à Rennes passe le seuil de l’intolérable. Les vitrines brisées ne comptent plus.  La tolérance de la Maire de Rennes est inadmissible. Le Gouvernement, focalisé sur la gestion des manifestations parisiennes laisse faire. Le Président de la Région n’a pas eu un mot à l’égard des commerçants victimes de ces dégradations.

La bonne nouvelle de la semaine, c’est le succès du referundum sur Notre-Dame des Landes. Même si ce referundum n’était pas nécessaire, il conforte le projet. Il est désormais indispensable d’entreprendre les travaux et d’arrêter de laisser bloquer un projet d’intérêt général par une minorité agissante. Le Gouvernement n’a plus d’excuses pour tergiverser. Fort de ce referendum, le Gouvernement a la légitimité pour agir et pour entreprendre le début des travaux.

Notons au passage que cette victoire du Oui est également un échec du Front national qui avait appelé à voter Non. Ce même Front national dont le positionnement s’apparente de plus en plus à celui que tenait Europe Ecologie Les Verts sous la mandature précédente. Sur le fond en défendant les thèses de la stagnation qui vont contre l’économie régionale et notamment l’agriculture. Sur la forme en étant bien souvent l’allié objectif de la majorité socialiste.

Au chapitre « vraies mauvaises nouvelles », c’est l’effondrement des dotations de l’Etat que ce compte administratif permet de constater. Entre 2013 et 2015, la perte est de 102 millions d’euros.

Vous avez beau utiliser les mots politiquement corrects  « Contribution de la Région à l’effort de redressement des comptes publics », la réalité est cruelle

Cette baisse fait passer les dotations de l’Etat de 414 à 312 millions d’euros. Un quart de dotation de l’Etat disparait !

Que les collectivités concourent à cet effort, peut-être, mais la ponction est d’une telle violence !

On commence malheureusement à nous expliquer que l’Etat pourrait autoriser un nouvel impôt dans la loi de finances pour compenser cette baisse de dotation. En savez-vous plus ? Il est à craindre que ce nouvel impôt créé alors même que le Président de la République avait promis qu’il n’y en aurait pas de nouveau porte essentiellement sur l’économie et donc sur l’emploi.

Au chapitre fausses bonnes nouvelles, vous affectez une baisse des dépenses de fonctionnement effectivement au compte administratif. La baisse est de 6 millions d’euros des frais de fonctionnement, soit , mais à quoi est-elle due ?

A une baisse considérable, et pour le coup dramatique des crédits d’apprentissage. Cette baisse est de 22 millions d’euros !

Vous allez nous dire que ce n’est pas de votre faute. Mais ce sont vos amis, au Gouvernement, qui sont directement responsables de cela. Les mesures anti-apprentissage prise après 2012, ont eu de tels effets que nos dirigeants ont dû le reconnaître et s’efforcer de faire marche arrière.

Nous pourrions penser que la majorité subit parce qu’elle est occupée ailleurs, pour certains au Gouvernement, pour d’autres dans la rue.

Nous pensons malheureusement que c’est plus grave. La majorité n’a plus de vision pour la Bretagne. Elle ne sait plus où elle va.

Au point mort le plan énergétique breton. Il y avait consensus pour reconnaître à la fois la singularité bretonne et la difficulté d’approvisionnement énergétique de la pointe de Bretagne.

Ce consensus devait déboucher sur des projets concrets :

  • Le projet d’hydrolienne notamment. Où en sommes-nous ? Toute la valeur ajoutée industrielle va-t-elle à Cherbourg, comme on le lit ?
  • Le projet de centrale thermique de Landivisiau, coût estimé à 400 millions d’euros, jugé indispensable pour garantir la sécurité électrique de l’Ouest breton. La centrale est aujourd’hui à l’arrêt. A qui la faute ? Il semble que nous soyons les victimes d’un loupé parisien et d’un loupé bruxellois. La France aurait tardé à notifier l’appel d’offre à Bruxelles. Bruxelles tarderait à donner son accord, ou même, remettrait en cause le projet.

En matière agricole, la situation ne cesse de s’aggraver, en particulier pour la production laitière.

Les réponses gouvernementales ne sont pas à la hauteur : les primes PAC pour 2015, qui auraient dû être versée en octobre ou novembre 2015, comme s’était le cas les années précédentes, ne sont toujours pas versées. Il est à craindre que, pour les primes PAC 2016, les agriculteurs soient confrontés aux mêmes soucis, retards de paiement compensés par des avancées partielles.

Les plans que nous tentons de mettre en œuvre  l’échelon régional ne sont que des gouttes d’eau dans un océan agité.

On ne répond aux éleveurs en lait que par le biais de « Mesures Agro-Environnementales et climatiques ». Est-ce sérieux ?

L’agro-alimentaire souffre également et le sujet Tilly Sabco revient à l’ordre du jour. Quelles initiatives avez-vous prises pour éviter à cette entreprise, naguère fleuron dans le domaine de l’exportation, un arrêt total de son activité. La commune de Guerlesquen va-t-elle connaitre le scenario noir de Lampol Guimiliau.

Dans le domaine portuaire, on passe d’une session à l’autre, des grandes ambitions aux plus modestes projets.

Initialement, 83 ports devaient passer à la compétence régionale. Il n’y en aura finalement plus que 18.

Je veux bien croire que ces choses n’étaient pas faciles et la Loi Notre, mal ficelée par vos amis au pouvoir à Paris, ne vous a pas aidé.

Mais au-delà, pas plus dans le rapport de la précédente session que dans celui de l’actuelle, je n’ai l’explication d’une politique régionale ambitieuse pour les ports. Comme convaincre si on n’explique pas ce que l’on va faire ? Nulle part, je n’ai lu la définition d’un projet pour nos ports.

Les ports devenant une compétence partagée pour les ports de pêche, vous créez un GIP « Pêche de Bretagne » dont on entrevoit le côté très technocratique.

Dans le domaine économique, pendant des années vous avez vanté les mérites de nos agences BDI et BCI avec un personnel pléthorique et tout d’un coup on rapatrie les missions économiques au sein des services de la Région mais sans en tirez complètement les conséquences en réduisant sérieusement la voilure dans ces agences.

Sans doute est-ce bénéfique mais concrètement que va-t-il se passer pour les entreprises qui ont des projets et qui ne peuvent pas se contenter de mesures brouillonnent et trop longues. Jusqu’ici, beaucoup d’entre elles avaient un interlocuteur départemental. Ce n’est plus le cas. Avec les retards que nous connaissons, la Région sera-t-elle en mesure d’être au rendez-vous dans les temps.

En ce que concerne le transport ferroviaire, j’entends le Vice-président en charge du dossier vanter, avec le talent qu’on lui connait, l’arrivée de la LGV à Rennes l’année prochaine.

Mais nous sommes également en panne pour la suite. Comment peut-on tolérer que l’on repousse le projet LNOBPL (Ligne Nouvelle Ouest Bretagne Pays de la Loire) après 2030 alors que les besoins sont urgents aujourd’hui ?

La politique des Lycées, elle-même, est très décevante.

Depuis 1986, c’est-à-dire depuis 30 ans, les lycées ont été transférés à la Région, c’est son cœur de métier.

Je voudrais pointer deux difficultés majeures.

L’accessibilité : La grande loi sur le handicap date de 2005 et on a le sentiment, 11 ans après, que vous en avez tiré peu de conséquences. Où en sommes-nous ?

L’accessibilité n’est pas uniquement une question de circulation de personnes en fauteuil mais aussi, par exemple, de l’accès pour les malentendants et des « boucles magnétiques ».

Je suis surpris que la question de la conformité incendie se pose encore aujourd’hui comme vous le constatez dans votre rapport. Il y a extrême urgence !

Il est enfin une question dont vous parlez peu et qui, lors de la campagne que nous avons menée, ressortait souvent : celle des internats qui répondent à un vrai besoin des familles.

 

Monsieur le Président,

Ces 6 premiers mois de nouveau mandat sont très décevant.

Je ne parle même pas de désillusion car je crains qu’il n’y ait pas eu d’illusion près le vote de cette Loi Notre qui ne donne pas leur chance aux Régions.

Nous avons l’impression d’avoir une majorité en roue libre comme le sont certaines en fin de mandat.

Ce qu’elle entame est brouillon.

Elle subit l’événement comme le Gouvernement qu’elle soutient.

Elle n’a plus de vision d’avenir. Que sont devenus les grands mots du pacte d’avenir pour la Bretagne ?

« Jean-Yves, réveille-toi, ce sont les autres régions qui vont prendre notre place. »

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